Entretien avec Kyoko Dufaux
Tu vis actuellement à Paris mais tu as grandi au japon et tu  as également vécu en Côte d’ivoire. Comment ces différents endroits du  monde ont influencé ton travail ? 
C’est la nature qui  m'intéresse le plus et influence ma création, quel que soit le pays où  je me trouve. J'ai vécu au Mexique pendant un an quand j'étais étudiante  et puis au Cambodge pendant deux ans comme volontaire avant d'arriver à  Paris. J’ai découvert la beauté du climat sec du Mexique et le climat  humide du Cambodge, et d’Afrique de l’Ouest. La terre est magnifique  quand l'homme ne l'a pas exploitée ! 
Ta  dernière exposition à la galerie Treize-Dix s’intitule « Apprenti en  lévitation » en référence au titre d’une des toiles exposées, peux-tu  nous expliquer le choix de ce titre, que je trouve personnellement très  pertinent ?  
"Apprenti en lévitation" est inspiré par une  histoire courte qui s'appelle "Sennin (l’homme immortel) " de Ryunosuke  Akutagawa. L’histoire parle d’un jeune apprenti sincère et peu avide qui  a exaucé son rêve de devenir un homme immortel taoïste. Je trouve que  le monde d’aujourd’hui ne considère pas l’honnêteté comme une vertu. Je  me suis sentie « sauvée» quand j’ai lu cette histoire. Depuis ma  première lecture de Sennin, j’ai voulu peindre ce conte parce que la  scène de l’homme qui marche dans l’air est très belle.  
Tes  peintures oscillent entre espaces naturel (plages, forêts, campagnes)  et urbain (rues, toits parisiens, parcs, cafés) mais toujours avec une  impression de calme de plénitude, comme si le temps était suspendu et où  le monde semble avoir été vidé de l’espèce humaine. On y retrouve  toujours des animaux, dans des attitudes humaines mais pas  systématiquement comme ce trio rassemblant un oiseau, un singe et un  chat formant une narration de toiles en toiles. Quel est la place de  l’animal et de la nature dans ton œuvre ?  
Je voudrais tout  d’abord apporter un sentiment de sérénité et de plénitude dans ma  peinture. La peinture est un travail solitaire. Je garde mes œuvres à  côté de moi comme de véritables amies.  Concernant les animaux, les gens  sont trop compliqués pour moi et l'animal est le centre de mes  peintures en général. J'aime mettre un être vivant dans mes peintures.  Je trouve que le paysage est plus amusant quand il y a des petites vies  quelque part. Cependant les animaux dans mes tableaux ont pour la  plupart un caractère humain. Je m’inspire notamment des vieux contes  japonais et de l’astrologie chinoise dans lesquels les animaux ont une  place prépondérante.     
Quand je vois tes  peintures, j’y vois des affinités avec des artistes, qui comme toi, ont  illustré des livres pour enfants, tels que Kota Taniuchi ou Nadja.  Peux-tu nous parler de cette partie de ton travail et de tes éventuelles  références dans le domaine de l’illustration jeunesse ?  
J'aime  beaucoup Kota Taniuchi et Nadja. Mais je ne savais pas qu’il avait vécu  en France. Je l’ai appris à grâce à vous. J'aimerais faire des  illustrations pour les livres d’enfants. Mais je ne sais pas écrire  d'histoire. J'ai déjà illustré des livres pour des éditions africaines  et ai coopéré avec des éditeurs français pour des magazines pour  enfants. J’aimerais pouvoir continuer dans cette voie si je trouve la  bonne personne pour écrire une histoire ! J'ai lu un livre qui s'appelle  Quand souffle le vent de Raymond Briggs quand j'étais enfant. J'aimerais illustrer un livre de ce type un jour.  
Pour finir, quels sont tes projets en cours ?  
Je  suis en train de travailler sur un livre d'enfants à propos du  "Changement Climatique" pour un éditeur japonais. C'est un livre  scientifique destiné à l'école primaire. Je suis très contente de  participer à ce travail. J’aimerai transmettre mon amour pour la nature à  travers mes crayons et mes pinceaux.

