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La préface de ZOO débute par cet avertissement de l'auteur : "Je n'aime pas beaucoup les Hommes, Mais j'ai beaucoup de tendresse pour les animaux". Gus Bofa s'en prend à la race humaine, "ancienne esclave, servante-maîtresse, qui eut jadis la chance d'épouser le Patron, et n'en est pas encore revenue", et compose ce livre admirable, textes et dessins, pour mériter l'amitié des bêtes et se "faire pardonner, par chacune d'elles en particulier, la muflerie millénaire de toute ma race à leur égard".

 

De ZOO, Renée Dunan écrit que ce livre "constitue un petit compendium de l'humanité et des moyens de s'en servir. C'est assez amer pour être tonique, et assez désespéré pour que la philosophie s'y retrouve à l'aise. (...) Il est vraisemblable, d'ailleurs, qu'il faudra attendre un petit siècle pour que le mépris de ZOO envers les hommes et les choses, prenne sa figure définitive à côté de la Melencholia de Durer et des Caprices de Goya."

 

Bofa ne fait pas mystère qu'il considère que le zoo du titre est celui que constitue l'humanité. Jamais son humour n'a été aussi incisif : "L'homme descend du singe. Il est descendu bien bas. Parfois un singe sans dignité essaie de l'y rejoindre : il apprend à fumer, à mettre un habit noir, à boire dans un verre, et à attraper de sales maladies. Mais jamais, l'homme n'a pu remonter jusqu'au singe ancestral".    

 

Pour l'ouvrage Paris 1937 Gus Bofa dessine l'animalerie du Jardin des plantes, en accompagnement d'un texte de Colette intitulé "Bêtes". Pour la petite histoire, Bofa aimait les animaux et détestait les zoos, ces "conserves d’animaux vivants", qui permettent aux hommes de révéler publiquement les plus vilains aspects de leur âme. " Au vrai ", écrit-il, "les visiteurs du zoo n’y viennent point pour s’instruire mais pour s’amuser ou se moquer des bêtes captives. Le cœur plein encore de la peur ancestrale des bêtes sauvages dont l’homme n’a jamais pu se débarrasser, rassurés pourtant par les barreaux épais, ils se vengent de cette peur part des plaisanteries de haut goût, si bien adéquates au ton de la maison qui semble qu’on les ait vendues à la porte en même temps que les petits pains pour l’éléphant. Ils se moquent de ces bêtes parquées (…) comme ils sont prêts à se moquer d’une femme vêtue de façon nouvelle, comme ils se moquaient du Persan, stupidement, au nom des droits imprescriptibles du vieil esprit gaulois." 

 

Nous remercions chaleureusement Emmanuel Pollaud Dulian pour cette notice extraite du site consacré à Gus Bofa. 

 

1935, Éditions Mornay

Exemplaire sur vélin navarre  n°609  

 

Prix : 150 euros