Biographie

Depuis l'an 2000, Monsieur Z est l'un des plus brillants représentants de la jet set internationale de l'illustration. Ses premières parutions pour Wall Paper donnent le ton, ses images sont publiées (et imitées) dans le monde entier sous forme de cartes postales, de poupées glamour et sont déclinées sur des produits dérivés. Ses prestigieuses campagnes de publicité lui assurent une notoriété internationale importante dans le monde de la communication et de la mode. Son intuition , sa grande culture graphique et architecturale, alliée à un humour discret, nous le rendent indispensable.
Parmi ses clients : L'Oréal, Guess, Evian, Rémy Cointreau, Bernardaud, BMW, , Les casinos Barrière, Swiss Délice (depuis 2007), Air France, Aston Martin...
En 2010, son premier artbook est édité chez Fluide Glamour, et nous l'attendons aussi impatiemment du coté de l'animation et des écrans de cinéma. 

photo © Antoine Doyen

Interview

Depuis 2014 et ses fameuses affiches touristiques, Monsieur Z est partout. Avec toujours une même volonté:donner une belle image du territoire. Dans son bureau, sur les hauteurs de Carqueiranne, il revient sur son riche parcours professionnel. Sans prise de tête et tout en modestie.

 

Du Var aux Alpes-Maritimes, le Z ne veut plus dire Zorro mais plutôt Monsieur Z. Il faut dire que, depuis quelques années, les affiches avec la fameuse lettre surmontée d’une couronne sont de plus en plus visibles.

De là à dire que Richard Zielenkiewicz est devenu le roi des illustrateurs, il n’y a qu’un pas. "Je suis pile poil au bon moment, au bon endroit. C’est ma chance. Cela n’a pas toujours été le cas, et ça ne va forcément pas durer. Donc autant en profiter".

De son propre aveu, l’homme n’est pas un angoissé. "Si ce que je fais ne marche pas, tant pis. Le succès, ça vient, ça part. L’important pour moi, c’est de dessiner."



SES DÉBUTS DANS LA PUBLICITÉ


Dessiner, une activité qu’il pratique depuis tout petit. "C’était une occupation comme une autre. Dès qu’il y avait un moment de libre, on me donnait une feuille et des crayons." Comme chaque enfant ou presque. "La différence tient certainement au fait qu’on m’ait toujours encouragé et dit que j’étais doué." Son diplôme de l’école supérieure d’arts graphiques Estienne en poche, il devient publicitaire.

"J’ai notamment été directeur artistique pour Jacques Séguéla. Mais avec la crise des années quatre-vingt-dix, et l’arrivée en force des pros du marketing dans les agences, j’ai trouvé ça moins rigolo. On avait perdu l’insouciance." 

Ne sachant pas trop dans quelle direction aller, le trentenaire s’essaye au métier de relookeur de magazine. "On travaillait sur la mise en page, le contexte visuel, la charte graphique... Mais je ne me sentais pas vraiment à ma place dans cet univers, alors j’ai décidé de quitter Paris et de m’installer à Strasbourg."

Là-bas, il effectue un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) d’images de synthèse. Et commence à faire des petits dessins pour des agences de pub en free-lance." Le succès est immédiat. Ses dessins très cartoonesques ont la cote. Monsieur Z signe alors les campagnes Quick, L’Oréal, Chaussettes Achile, Air France...

Il collabore également régulièrement avec Wallpaper, le magazine américain le plus tendance de l’époque. "Grâce à cette diffusion internationale, mon téléphone n’a pas arrêté pas de sonner. Je travaillais pour Evian aux États-Unis, ou encore McDonald’s. J’ai même eu un agent au Japon."

Mais petit à petit, cela marche moins bien pour lui. "On trouvait que je dessinais trop bling bling. Les clients voulaient des illustrations plus simples, plus proches des gens." Cette période difficile coïncide avec son installation dans le Var. "Avec ma femme, nous voulions changer d’air pour nos enfants. Nous avions pensé à nous installer à Barcelone mais la décision a été prise de rester en France."

 


UN AUTRE REGARD


Et pourquoi le Var? "Tout simplement parce que nous avions l’habitude de passer nos vacances à Bormes." Monsieur Z se laisse porter par son environnement. Il observe, retient, croque les paysages. Il publie le résultat sur Facebook. Le public se prend vite d’amour pour ses images colorées, très géométriques, qui mettent en valeur le territoire.

"Je n’enjolive pas, je propose plutôt un autre regard. Je fixe le beau par le dessin. C’est une gymnastique d’esprit qui me vient de la publicité. La publicité n’a pas pour but de faire vendre mais de séduire. J’aime cette idée de trouver un angle positif à chaque paysage ou bâtiment. Je cherche à faire quelque chose de fun, qui donne la pêche." Les collectivités ne s’y trompent pas. Elles lui passent des commandes depuis 2014.

C’est Hyères qui s’est lancée la première. D’autres ont rapidement suivi:La Garde, Le Pradet mais aussi Cannes, Grasse ou Monaco. La dernière en date, c’est La Londe.

Et bientôt la ville de Grimaud sera croquée par Monsieur Z. Les offices de tourisme vendent les affiches mais aussi toute une gamme de produits dérivés:cartes postales, coques de portables... L’artiste ne s’illustre pas que dans la région. Il crée aussi pour des stations des Alpes ou encore dernièrement, Vichy.

 

 

"SI JE ME PLANTE, CE N'EST PAS GRAVE"


S’il reconnaît une influence des années 1950 et 1960–"j’ai été marqué par la modernité de cette époque"–, il ne verse pas dans la nostalgie. Les codes utilisés rappellent également les affiches de la La société de chemin de fers Paris-Lyon-Méditerranée créée en 1857 a lancé des campagnes d’affichage ventant des destinations touristiques.

"Effectivement, comme ce genre d’affiches, je mets en avant une destination. En écrivant notamment le lieu en titre." Les références au monde actuel sont aussi nombreuses. "En fait, on n’invente rien, on reforme, on rajoute une pièce à l’édifice. C’est un peu comme dans l’art. On ne passe pas directement de Monet à Picasso."

En parlant d’art, Richard Zielenkiewicz admire Matisse ou encore Picasso. Mais aussi des affichistes tel Gruau ou Savignac. "J’aime beaucoup les illustrateurs modernes comme Charley Harper, Lou Romano, Kevin Dart... Je suis également fan de cinéma, surtout celui des années quatre-vingt."

Le Carqueirannais s’est d’ailleurs essayé aux films d’animation au début des années 2000. Ratz a été couronné de succès en étant diffusé sur France Télévisions et Gulli. Les 53 épisodes ont été réalisés en collaboration avec Éric et Ramzy. "Je suis très inspiré par l’univers Disney. Cela se retrouve d’ailleurs dans le reste de mes illustrations."

Autre influence revendiquée:l’architecture. "Les modernistes comme Wright par exemple ou encore Mallet-Stevens, qui a fait la villa Noailles. On retrouve cet esprit dans le caractère graphique de mes dessins."


Monsieur Z profite aujourd’hui de son succès, mais s’interroge déjà sur la suite. "Les posters de tourisme, cela ne va pas durer. Bientôt, on m’aura trop vu. Je continue à faire des publicités mais après on verra bien. Mon intuition va me guider, je lui fais confiance. Il ne faut pas tout calculer. J’aime me laisser porter. Et si je me plante, ce n’est pas grave. C’est la vie."

 

 

Article d'Amandine Roussel pour Var Matin le 14/05/2018