Bio

Une fois sa thèse d’histoire soutenue, Chloë a donné naissance à un gros oiseau qui ne parle pas, mais qui réfléchit beaucoup. Elle l’a appelé Jeanne parce qu’il y a Jeanne d’Arc, Jeanne Cherhal, Jeanne Moreau et Jeanne Mas… Mais dans le fond, Jeanne et Chloë ont beaucoup de points en communs…

Interview

Michel Lagarde: Qui êtes-vous ?

 

Chloë: Une femme, âgée quelque part entre 25 et 30 ans, parisienne et lisant Bourdieu sans forcément l'aimer. Ce sont là, je crois, les informations les plus utiles pou comprendre Jeanne... et puis le reste, je préfère le laisser secret, chut !

 

Michel Lagarde: Est-ce votre premier album ?

 

Chloë: Non ! Un premier tome, Les Hommes de Jeanne a été autoédité sous forme d'un petit livre rouge. J'ai sorti quatre édition, soit 500 exemplaires, et je prépare une cinquième édition.

 

Michel Lagarde: Comment en avez-vous eu l'idée ?

 

Chloë: Mes voisins faisaient du bruit; je ne savais pas comment leur dire sans m'énerver...Un petit dessin s'est révélé être la forme la plus douce et la plus efficace pour faire passer mon message.

Ensuite j'ai pris l'habitude de raconter en BD mes petits tracas : les week-ends ratés, les ruptures... Ca me permettait de m'en libérer et d'en rire, avec un peu de recul. On m'a ensuite encouragée à faire des planches et des planches, et de les rassembler...

 

Michel Lagarde: Travaillez-vous en premier le texte ou les images ou les deux en parallèle ?

 

Chloë: J'écris d'abord le texte, selon le format de la planche- 8 cases pour ce premier volume, 12 cases pour le deuxième sur lequel je travaille. Le rythme, le découpage du texte me semblent très important.

Ensuite, j'ajoute le dessin : il est là pour soit sou

tenir sobrement le texte lorsque je veux donner le maximum d'impact au texte, soit pour créer un effet de rupture ironique. Le graphismeépuré est la preuve de mon parti pris : c'est le texte qui prime.

 

Michel Lagarde: Comment définiriez vous Jeanne ? Est-elle heureuse ?

 

Chloë: Jeanne n'est ni franchement heureuse, ni franchement malheureuse; elle est parfois révoltée, parfois exaltée, mais ça ne dure jamais. Elle se situe dans un état de résignation désabusée. C'est ce que j'ai voulu traduire par la répétition du même dessin, très peu expressif, mais aussi par le texte qui est lui aussi très neutre. Il n'y a que peu de mentions des états d'esprit ou des sentiments de Jeanne: elle raconte des les choses, et les évènements arrivent.

Elle, elle observe, un peu en retrait.

 

Michel Lagarde: Quelle est la part d'autobiographie dans "Les Hommes de Jeanne" ?

 

Chloë: Il me serait difficile de soutenir que tout est inventé... Même si, une fois que l'on raconte, la distance se crée avec la réalité. Si je devais coller à l'autobiographie ce serait bien triste et bien fade !

A partir d'une base souvent autobiographique, j'exagère les situations, et parfois même je raconte ce que j'avais préféré vivre plutôt que ce que j'ai vécu...