Bio

Journaliste aux Inrockuptibles depuis 20 ans, Christophe Conte est aujourd’hui rédacteur en chef des numéros hors-série tout en continuant à écrire sur la musique. Il est également chroniqueur à France Musique et France Culture. Comme il n’avait jusqu’ici consacré que des livres à des gens talentueux et stylés - Nino Ferrer et Etienne Daho -, il fallait que cela change ! Porté par l’élan de son Billet Dur qui harponne chaque semaine dans Les Inrocks une personnalité agaçante, il se lance cette fois dans la pèche au gros avec cette chronique d’un quinquennat très agité et le portrait au Karcher de son principal protagoniste. Passionné obsessionnel de musique, la politique est son autre sujet de conversation favori, notamment depuis l’émergence des réseaux sociaux dont il est l’un des punchliners les plus remarqués. Amateur (et auteur) des calembours les plus foireux comme des traits d’esprits les plus fins, il n’aime rien autant que la satire lorsqu’elle dit des choses très sérieuses. Ce livre en est l’illustration. 
 

Interview

Les Éditions Michel Lagarde : Comment est né le projet de “Bling”?

Christophe Conte: L’éditeur m’a contacté par l’intermédiaire d’une connaissance commune. Il cherchait un auteur pour écrire de courts portraits d’hommes et femmes politiques afin d’accompagner les caricatures de Luis Grañena publiées depuis bientôt trois ans dans Libération qu’il souhaitait publier en recueil. J’aime beaucoup le travail de Luis, et comme je suis abonné à Libé je n’avais raté aucun de ses dessins. En revanche, même si je ne l’ai pas dit tout de suite à Michel Lagarde, l’idée des portraits courts n’était pas très satisfaisante pour moi, puisque je fais déjà ça chaque semaine dans Les Inrocks. J’ai laissé mûrir cette proposition car j’avais réellement envie de participer à ce projet, et lorsque Michel est revenu vers moi, je lui ai soumis cette idée alternative : faire un long texte qui raconterait l’histoire du quinquennat Sarkozy, avec les dessins de Luis pour rythmer le récit.

Je me suis lancé dans une première ébauche, non sans avoir trouvé un titre, Bling, pour la référence à ce que l’on sait, mais aussi pour la sonorité BD qui collait bien avec le projet. Lorsque je me lance dans un travail d’écriture, que ce soit pour un article ou un livre, j’ai besoin d’avoir un titre, sésame indispensable sans lequel je n’arrive pas à entrer dans le sujet. J’ai écrit le texte assez rapidement, tout en faisant en parallèle des recherches sur les faits et les dates, car je tenais à une certaine vérité historique, quitte à prendre ensuite quelques libertés avec cette vérité. Je voulais que ce soit drôle mais pas totalement farfelu ni délirant. Ce quinquennat fut de toute façon suffisamment grotesque en lui-même pour ne pas avoir, sur certains sujets ou personnages, à en rajouter. Il suffit de dire Nadine Morano, Fréderic Lefebvre ou Jacques Séguéla et ça évoque plus volontiers la bouffonnerie que la haute politique.

 

Les EML : On te connaît depuis quelque pour tes billets durs dans Les Inrocks. Quelle est la part des réseaux sociaux dans le buzz de tes chroniques ?

 

Christophe Conte : Lorsque le Billet paraît le mercredi dans le journal, même s’il s’agit d’une rubrique assez lue, cela ne touche que quelques dizaines de milliers de personnes. Lorsqu’il déboule sur Internet le lundi suivant, relayé par Twitter et Facebook, les réactions et commentaires sont autrement plus nombreux, surtout de la part de gens qui n’iraient jamais acheter un journal comme Les Inrocks. Les messages d’insultes sont aussi beaucoup plus nombreux, mais c’est la règle et je l’accepte. Je ne réponds d’ailleurs jamais ni ne censure les commentaires. Même ceux des fans de Mylène Farmer.

Les EML : Y’a t’il des limites que tu te fixe en t’attaquant au personnel politique ou aux invités involontaires de tes chroniques ?

 

Christophe Conte : J’ai un principe de base, je ne m’attaque qu’à des personnes susceptibles de pouvoir les lire et, éventuellement, se défendre. Ça n’aurait de toute façon aucun intérêt de faire un billet sur Madonna ou Bachar Al Assad. J’essaie de ne pas trop tirer sur les ambulances et, en revanche, de doubler les doses sur les gens qui ont vraiment du pouvoir, notamment sur les politiques, les éditorialistes omnipotents (ma cible favorite) et les grands patrons. Mes limites sont celles de mon courage. J’aimerais n’en avoir aucune mais je suis comme les autres, j’évite si possible les convictions religieuses, les allusions à la vie privée et les attaques trop méchantes sur le physique.

 

Les EML : Quels sont ceux qui réagissent et en quels termes ?

 

Christophe Conte : Les politiques ne réagissent jamais, en tout cas ça ne parvient pas jusqu’à moi. Ça changera peut-être avec le livre ! Cela fait un an et demi que j’écris un billet chaque semaine, ce qui en fait près de 70, et je n’ai eu que trois réactions violentes de la part de « victimes ». Pascal Obispo m’a envoyé un message assassin sur Facebook. Christophe Hondelatte a laissé un commentaire très violent sur le blog (mais ce n’était peut-être pas lui), et récemment Mathieu Kassovitz s’est déchaîné contre moi sur Tweeter. Je sais de toute façon à l’avance qui va réagir. Le problème, c’est que lorsqu’ils ont donné l’assaut, tous leurs fans se croient obligés de continuer la bagarre, et là j’en ai pour des semaines de mails, de lettres et de messages d’insultes. La principale : Christophe Con…te. Ça me rajeunit, j’ai l’impression de retourner en CM1.